UK | DES INVESTISSEMENTS AUTOMOBILES AU POINT MORT
Pour la deuxième année consécutive, les investissements automobiles du Royaume-Uni ont accusé un repli sévère de plus de 33 %, à 1,1 milliard de livres, soit leur plus faible niveau depuis six ans, alors qu’ils avaient atteint un record en 2015 à près de 2,5 milliards.
Ce recul est naturellement lié au saut dans l’inconnu que représente à l’heure actuelle le Brexit et qui invite les industriels à davantage de prudence étant donné l’étalement dans le temps des cycles produit.
En mars 2017, Toyota avait annoncé son intention d'investir 274 M€
pour moderniser son outil industriel de Burnaston (modèles Auris et Avensis). Ces investissements seraient conditionnés à l’obtention par le gouvernement britannique d’un accord transitoire sur le Brexit. À l’instar de Nissan, Toyota aurait obtenu une confirmation écrite du gouvernement selon laquelle il continuerait à bénéficier de conditions favorables après le Brexit, selon Reuters. En parallèle, le groupe a pris la décision de stopper la production de la version diesel de l’Auris compte tenu du retournement actuel du marché sur ce segment.
Pour les mêmes raisons, Jaguar Land Rover vient d’annoncer l’arrêt temporaire de sa production à Halewood, prévu au second semestre. À propos du Brexit, l’entreprise a déclaré que « l’afflux d'investissements prenait plus de temps et se réduisait, de sorte que le nombre de fournisseurs que nous pouvons convaincre de venir au Royaume-Uni est aujourd’hui plus ou moins réduit ».
Pour sa part, Ford estime que le Brexit mine les investissements futurs au Royaume-Uni, bien qu’il soit « trop tôt » pour envisager une fermeture des chaînes de production dans le pays. Pour le groupe « l’absence d’un accord serait une catastrophe non seulement pour Ford mais pour l'industrie en général ».
Vauxhall, nouvelle propriété de PSA, s’est engagé dans une course à la réduction des coûts et a mis en place un programme de départs volontaires de 400 personnes en 2017, additionné d’une nouvelle vague de 250 personnes en 2018. Pour PSA : « Une fois qu'elle aura suffisamment de visibilité sur l'avenir des relations commerciales avec l'Union européenne et que la question de la compétitivité de l'usine aura été réglée, l'entreprise pourra réfléchir à de futurs investissements ».
BMW avait annoncé en juillet qu'il prévoyait de construire la nouvelle Mini 100 % électrique dans son usine d’Oxford, malgré la perspective du Brexit. Cependant, la direction de l’entreprise a averti qu’elle pourrait changer sa décision en cas de Brexit dur et d’absence d’accord avec l’UE, BMW ayant des solutions de repli en Europe continentale (aux Pays-Bas notamment).
Les décisions prises dans les prochains mois par le gouvernement seront donc déterminantes pour la filière, car le Brexit pourrait rebattre les cartes des projets d'investissements en Europe. À l’heure où le secteur aborde le virage de l’électrique, l’automobile britannique entre donc dans une phase décisive pour son avenir. Incontestablement, le Brexit lance à sa filière un nouveau défi en matière de stratégie industrielle.
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