Filière automobile : L'embellie ne profite pas à l'emploi
Quel portrait dessiner de l’automobile en 2017 ? Comme il y a deux ans, Syndex a enquêté auprès d’équipementiers et sous-traitants, au plus près de vos réalités. Voici les principales conclusions que nous retenons de l’évolution de la filière.
L’ÉCHANTILLON
L’analyse porte sur une quarantaine d’entreprises et d’établissements de l’automobile. Équipementiers ou sous-traitants, ces acteurs emploient quelque 27 000 personnes et couvrent une large gamme de produits et de métiers.
Les indicateurs économiques sont au vert
Le chiffre d’affaires global de notre échantillon équipementier atteint 4,7 Md€ en 2016 (montant il se maintiendrait selon les budgets 2017). L’augmentation a ainsi été de plus de 10% par an, hormis pour les acteurs du groupe motopropulseur dont les ventes ont stagné dans cette phase de forte reprise de l’industrie automobile européenne. La croissance a nettement bénéficié aux résultats, qui représentent en moyenne 7,3 % du chiffre d’affaires en 2017, contre 4,3 % en 2015. L’amélioration de la profitabilité (3 points) se vérifie pour quasiment tous les acteurs du panel.
Les effectifs continuent de reculer
Cette très forte reprise, avec des budgets souvent dépassés, a mis bon nombre d’acteurs sous tension et s’est parfois accompagnée d’une désorganisation industrielle qui a pesé sur les salariés. D’autant plus que l’emploi a significativement baissé dans les entreprises de notre échantillon : les effectifs ont perdu 10 % en deux ans (2 700 salariés). Le recours croissant à l’intérim (+ 50 %, soit + 1 000 personnes) est loin de compenser ce mouvement et, sur tout, est souvent à l’origine d’une surcharge de travail pour les salariés restants.
Cette évolution n’a rien de surprenant, dans un secteur qui cherche toujours à gagner en productivité, reste très prudent dès qu’il s’agit d’embaucher en France... et apprécie d’avoir des marges de flexibilité. Mais cette prudence dans les embauches ne ré compense pas les efforts consentis par les salariés au titre de la compétitivité (des accords dans une moitié des sites), ou ceux de la Nation (CICE, pacte de responsabilité).
En outre, l’effort d’investissement reste autour de 4% du chiffre d’affaires, mais nous semble davantage s’orienter vers la recherche de productivité, ce qui pèsera également sur l’emploi.
Fragilité
Malgré un contexte favorable, bon nombre de sites restent fragilisés. Derrière cette tendance générale à la reprise de l’activité et à l’amélioration des marges, sans effet bénéfique sur l’emploi, nous observons toujours une forte diversité de situations, qu’il est possible de regrouper en quatre profils types (voir ci-dessous). Il n’y a effectivement pas de fatalité, mais des trajectoires qui se construisent selon des stratégies qui peuvent miser sur la richesse des savoir-faire... ou privilégient plutôt des approches gestionnaires et prudentes.