Manifestations des salarié·e·s des EHPAD : les raisons de la colère
Afficher l'article en plein écranLe 30 janvier, les syndicats ont appelé à la grève les salarié·e·s des maisons de retraite et des services de soins et d'aide à domicile. En cause : le manque de personnel et la réforme de la tarification des EHPAD. Nos experts, qui travaillent depuis plus de 10 ans avec les représentant·e·s des salarié·e·s du secteur dans tous les types de structures (associatifs, publics et privés, groupes et indépendants) reviennent sur les origines du problème.
Dévalorisation des métiers et course à l'occupation : un contexte tendu pour les salarié·e·s
Les modalités de financement des EHPAD, fortement décriées par les professionnels du secteur, participent également du contexte général de tension. D'une complexité extrême, elles exigent en outre des taux d'occupation élevés dans les établissements. Autrement dit pour être financés, les EHPAD doivent être pleins, ce qui impose aux salarié·e·s des efforts importants.
Aux moyens alloués limités, généralement considérés comme insuffisants, s'ajoute une dévalorisation des métiers du secteur qui provoque un manque chronique de personnel qualifié.
Ces forts taux d'occupation et ce manque de personnel qualifié provoquent dès lors des situations tendues et génèrent ainsi de la souffrance au travail. Cette souffrance se manifeste par un taux important de renouvellement des personnels et un fort taux d'absentéisme.
Les conséquences d'une situation de sous-effectif chronique
Ce turnover important ainsi que ce taux d'absentéisme génèrent à leur tour un sous-effectif chronique, et donc des situations de travail tendues avec deux conséquences directes : une intensification du travail et des risques de glissement des tâches. Autrement dit, plus de travail pour moins de personnel.
Alors que les instances actuelles vont être remplacées par le CSE, on ne peut que s'interroger sur la situation et les projections qui annoncent le doublement du nombre de personnes de plus de 75 ans en France d'ici les quinze prochaines années.
La réforme de la tarification des EHPAD
La loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement votée fin 2015 a introduit une réforme de la tarification des EHPAD. Cette loi prévoit notamment la conclusion de contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (les Cpom) avec le président du conseil départemental et le directeur général de l'agence régionale de santé. Ce contrat a trait directement au financement des EHPAD, lequel pourra varier d'un département à l'autre.
Les EHPAD publics, associatifs, qui peuvent faire partie de structures nationales, y voient la possibilité d'inégalités de traitement sur le territoire, alors que les groupes d'EHPAD privés (lucratifs) pourraient s'y adapter plus facilement. De quoi renforcer un contexte déjà difficile pour les salarié·e·s ...