Déménagement, réaménagement... Sans risque pour les salariés ? Interview et podcast
Afficher l'article en plein écranLe télétravail s'est banalisé et de plus en plus d'entreprises décident pour des raisons économiques de réduire leurs surfaces de bureaux, en mettant en place de nouvelles pratiques, telles que le flex-office par exemple. Et les représentants des salarié·e·s ne sont bien souvent pas ou peu consultés. Pourtant les salarié·e·s sont les premiers concernés, et ces changements ne sont pas sans risques ! Une interview croisée entre Stéphanie Gallioz, intervenante Syndex, et Alan Duquenoy, architecte.
Y a-t-il plus de déménagements qu’auparavant ? Pourquoi ?
Alan Duquesnoy : Oui, on le constate depuis le Covid et avec les nouvelles méthodes de travail adoptées par les entreprises que l’on appelle le “management spatial”, comme le flex office ou le clean desk. Avec le flex office, on considère que les salariés n’ont pas besoin d’un bureau personnel. Le clean desk, c’est un bureau libre que l’on choisit le matin. Si l’on quitte le bureau dans la journée pour une réunion, on doit le laisser libre et le nettoyer afin qu’un autre collaborateur puisse s’y installer. Aussi, les espaces de travail se modifient et, souvent, on réduit le nombre de m2 pour des raisons financières, car l’immobilier peut représenter une source d’économie lorsque l’entreprise diminue les surfaces d’espaces de travail.
Stéphanie Gallioz : On constate une forte évolution du nombre de projets de déménagement. C’est lié à la période post-Covid-19 et à la mise en place du télétravail, qui est devenu une modalité de travail courante notamment dans les activités tertiaires. Cela a permis aux directions de réétudier les postes de dépenses autour des locaux et a donné l’occasion de repenser l’utilisation des espaces. Ainsi, on voit une optimisation de l’utilisation des surfaces. Les surfaces de passage sont optimisées notamment les salles de réunion. On fait travailler les salariés sur des surfaces plus réduites. Même s'il n’est pas affiché tel quel, il y a souvent un objectif financier derrière.
De quoi s'accompagnent ces déménagements / réaménagements ? En quoi ces changements impactent les salariés ?
AD : Cela génère des inquiétudes comme pour un déménagement personnel, sauf qu’on ne choisit pas autant d’éléments : le lieu, le type d’aménagement, etc. Cela peut être parmi les causes de stress les plus importantes dans l’entreprise. N’oublions pas que l’espace de travail est un outil de travail comme les autres. Quand on change d'outil de travail, on modifie la manière dont on travaille.
Des études ont démontré que les choix d’aménagements d’espaces de travail étaient mieux acceptés lorsqu’ils étaient réalisés en concertation avec les salariés. Or, les directions ont tendance à les consulter pour des critères mineurs comme la couleur de la moquette. Elles pensent connaître assez les activités pour décider des modifications, mais c’est souvent bien plus subtil qu’il n’y paraît.
Je me souviens avoir travaillé sur un projet où un site de production allait fermer. Pour l’un des salariés, cela voulait dire re-déménager sur le site où il avait officié plus jeune. Seulement, il s’est rendu compte qu’il n’arrivait plus à faire les mêmes déplacements. Ça l’a renvoyé à son incapacité à faire les trajets qu’ils faisaient quelques années auparavant. Sur ce même déménagement, j’ai également vu des salariés souffrant d’incapacités physiques conduire pendant 45 minutes ou 1 heure pour se rendre sur leur nouveau lieu de travail.
SG : Tout dépend si l’on déménage à 5 km, 10 km ou 100 km de son ancien lieu de travail. Est-ce que les trajets domicile-travail vont être modifiés par le déménagement ? L’impact sur la vie personnelle du salarié est évident.
Côté bureaux, lorsqu’on passe sur un aménagement de type open space, il y a des questions de bruit et de concentration à prendre en compte. Il faut vraiment regarder de près l’activité des personnes, car l’open space n’est pas adapté à tous les métiers.
Il ne faut pas non plus négliger la question du bruit. Par exemple, si on place une équipe commerciale qui passe beaucoup de temps au téléphone à côté d’une équipe qui a besoin de concentration, ça peut devenir problématique. En effet, le cerveau analyse naturellement les discussions et cela va engendrer de la fatigue cognitive.
Aussi, on relève des impacts sur la santé des travailleurs liés aux conditions d’accueil. Lorsqu’on a un bureau individuel, on l’adapte à sa morphologie avec un cale-pied ou un réhausseur d’écran, mais lorsqu’on pratique le flex office, on ne prend pas le temps chaque jour de bien se positionner, il y a donc un risque plus élevé de TMS (troubles musculo-squelettiques).
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