Automobile : comment relever le défi d'une transition juste ? Une étude co-réalisée par Syndex, la CFDT et la Fondation Nicolas Hulot
Afficher l'article en plein écranL’industrie automobile est celle qui a détruit le plus d’emplois en 10 ans et les projections sont préoccupantes : 100 000 emplois pourraient être détruits d’ici 15 ans. Alors que la question de la fin de vente des véhicules diesel et essence s’accélère au niveau Européen, la FNH et la CFDT Métallurgie rendent public un rapport qui prouve que concilier climat et emploi est non seulement souhaitable mais possible. Syndex a produit l’analyse prospective de l’emploi dans la filière moteur en imaginant 4 scénarios et en se projetant jusqu’à 2050.
Le rapport propose 4 scenarii
Scénario 1 - La désindustrialisation
Ce premier scénario confirme que la prolongation des tendances actuelles, qui se traduisent par une baisse de 70 % des effectifs d’ici 2050, pourrait tout simplement signifier la fin de l’industrie automobile en France. Une issue inconcevable pour les salariés concernés comme pour l’économie française.
Scénario 2 - La poursuite de la relance
Il met en évidence que la politique actuelle de relance, initiée en 2020, ne permettra ni de mettre un terme aux délocalisations ni de répondre au défi climatique. En effet l’objectif de fin de vente des véhicules diesel et essence fixé à 2040 est trop tardif pour le climat. Dans ce cadre, à terme, en 2050, la division par deux des effectifs est inéluctable.
Scénario 3 - La relance industrielle
Ce scénario explore un maintien des volumes de production de moteurs et une accélération du passage à l’électrique sans toutefois anticiper les besoins de sobriété (réduction des consommations d’énergie et de matières, évolution des usages). Il s’avère irréaliste au vu de la situation actuelle et non souhaitable au regard de la nécessaire transition écologique.
Scénario 4 - La transition juste
Ce scénario mise sur une intégration locale renforcée de la filière et intègre les exigences de sobriété. Sur cette base, il vise la restructuration de l’appareil productif autour de l’électromobilité dans une optique de réindustrialisation : en 2030, produire 2,3 millions de moteurs produits en France, pour 2 millions de véhicules assemblés, et 94 Gwh de batteries au sein d’une filière intégrée. La fin de production des véhicules essence et diesel en 2030, puis des hybrides en 2035, et l’engagement dans l’économie circulaire, permet de remettre la France en cohérence avec son engagements pour une décarbonation totale du secteur des transports en 2050.
Les bénéfices de la transition juste
Les projections démontrent qu’une politique de transition juste permettra d’enrayer le déclin de la filière moteur dans les prochaines années :
- D’ici à 2030, l’accompagnement des salariés, formation et conversion, pour valoriser les compétences d’aujourd’hui dans l’industrie de demain, permettra de limiter l’effet ciseau.
- Dès 2030, la Transition Juste se démarque d’un scénario tendanciel, avec un gain de 4 points sur les emplois maintenus.
- La filière automobile française est en mesure en 2030 de contribuer à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de - 55 % au niveau européen.
- En 2035, la production de véhicules en France est 100 % véhicules 0 émission.
- A cette échéance, l’intégration locale favorise la création d’emplois, 9 000 au sein de la filière moteur selon nos estimations.
- Le déclin est enrayé à partir de 2035.
- Au point d’arrivée de notre scénario de transition juste, en 2050, la filière moteur affiche 33 % d’emplois supplémentaires par rapport à un scénario de poursuite des politiques actuelles. Cette filière électromobilité dynamique pourra avoir un impact positif sur la filière auto dans le tissu économique (sous-traitants, services…) tout en respectant l’objectif de décarbonation totale des transports à 2050.
La transition écologique ouvre l’opportunité de construire une filière dédiée à l’électromobilité, décarbonée, orientée vers la sobriété et créatrice de nouveaux emplois à moyen termes. Les projections démontrent que l’on peut enrayer le déclin à partir de 2035, pour atteindre 33 % d’emplois en plus par rapport à un scénario. Pivot du secteur, cette filière moteur impactera l’ensemble du reste de la chaîne.
Pour Emmanuel Palliet, expert Syndex : “L’avenir de la filière industrielle automobile en France, et de l’emploi des salariés qui la compose, passe par une plus forte intégration locale de la production des composants nécessaires à l’assemblage final des moteurs et véhicules. Les nouveaux véhicules et les nouvelles plateformes issues de la transition électrique sont une opportunité pour consolider la production sur notre territoire.”
Pour Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT : “Il y a une vraie volonté de la part des salariés de s’engager dans la transition écologique. Celle-ci doit se faire avec les travailleurs. La transition juste est bonne pour l’environnement mais elle peut aussi l’être pour l’emploi et les travailleurs.
Pour Nicolas Hulot, Président d’honneur de la FNH : "Cette étude montre un chemin et propose une vraie stratégie. Elle montre que la mutation en cours offre des opportunités”.