Auto : les semi-conducteurs font toujours l’actu
Afficher l'article en plein écranLe manque de semi-conducteurs persiste en 2021, entraînant une désorganisation profonde de la chaîne de production mondiale, mais aussi une hausse des bénéfices et des marges des constructeurs…
Une reprise en 2021 moins forte qu’attendu, en raison de la crise des semi-conducteurs
Après une chute des volumes sans précédent en 2020, suite à la crise sanitaire, les ventes de véhicules repartent à la hausse en 2021, mais dans des proportions très diverses selon les régions :
- alors que la Chine a déjà retrouvé ses ventes de 2019 sur le premier semestre 2021,
- l’Amérique du Nord reste en retrait de 2,9%,
- tandis qu’en Europe, les volumes vendus restent très inférieurs (20%) à ceux de 2019.
En effet, le secteur se trouve dans l’incapacité de satisfaire la demande, la production étant fortement limitée par la crise d’approvisionnement des semi-conducteurs (puis par celle de certaines matières premières), dont l’issue ne cesse d’être repoussée par les prévisionnistes.
Dans ces conditions, IHS Markit revoie fortement à la baisse ses prévisions de production pour 2021 : estimée au printemps à 4 millions de véhicules au plan mondial, la perte de production est désormais attendue à plus de 10 millions, et IHS anticipe à nouveau un fort impact de la pénurie pour 2022. Le marché mondial 2021 devrait ainsi s'établir à 76 millions d'immatriculations de véhicules neufs et à 82 millions en 2022, contre 74 millions en 2020 et 89 millions en 2019.
Des constructeurs qui n’ont jamais fait d’aussi bons résultats…
Cette crise fait paradoxalement le jeu des constructeurs, dont la plupart affichent au premier semestre 2021 des bénéfices confortables et des marges jamais vues : dans un contexte de forte demande, la baisse de la production occasionnée par les nombreux arrêts de chaîne des constructeurs induit une rareté des véhicules, qui se répercute sur les prix de vente. Sans compter que certains constructeurs sélectionnent les véhicules à mettre en production en fonction de leur contribution à la marge et à la baisse des émissions de CO2, limitant ainsi les risques de pénalités dans le cadre des normes CAFE.
… au prix d’une très forte désorganisation qui se répercute sur les équipementiers
Il y a cependant un revers de la médaille à ces excellents résultats : les importantes désorganisations de la production. Les nombreux arrêts de chaîne de montage se sont en effet répercutés sur l’ensemble de la filière et se traduisent par :
- un flou absolu dans les prévisions de commandes adressées aux équipementiers, contraints de revoir en permanence leur planning de production (avec parfois un maintien des commandes de leurs clients, mais qui laissent les produits à quai, sans prévenir) ;
- la mise en activité partielle régulière, et le plus souvent au dernier moment, des salariés, avec une baisse du salaire net (d’autant plus si l’entreprise rechigne à recourir à l’APLD).
À quand la sortie de crise ?
Initialement espéré pour le second semestre 2021, le retour à une situation normale en termes d’approvisionnements en semi-conducteurs n’est plus envisagé avant fin 2022, voire 2023. Ainsi selon toutes vraisemblances, la filière devra vivre encore au moins un an dans ce contexte de forte tension, d’incertitudes... et de perte de pouvoir d’achat.