Auto : le déficit commercial du secteur reste au plus haut
Afficher l'article en plein écranContrairement à ses grands voisins européens, la France a vu son déficit commercial se creuser depuis 2006, conséquence de choix de délocalisation des constructeurs. Evolution notable en 2022, la Chine accélère sa percée sur le marché européen.
Véhicules : le déficit se stabilise
En 2022, le déficit commercial français en matière de véhicules s’est stabilisé à plus de 15 Md€, son niveau record de l’an passé. Exportations et importations ont progressé : les exportations sont remontées à 18 Md€ pendant que les importations (33 Md€) continuent de progresser.
Les véhicules électrifiés représentent quasiment un quart des importations en volume (et un tiers en valeur). C’est 5 points de plus qu’en 2021. En revanche, ils ne représentent que 20% des volumes exportés (24% en valeur), comme l’an passé. L’exportation de véhicules diesel progresse fortement en 2022 et représente 38% de l’ensemble.
Le rebond s’observe également dans les autres pays européens :
- l’Allemagne bénéficie en 2022 d’un excédent commercial de 74 Md€ grâce à des exportations record de 136 Md€ (niveau de 2017). L’essoufflement consécutif au « dieselgate » est désormais passé ;
- l’Espagne reste une base industrielle forte pour les constructeurs européens et affiche un solde positif qui se maintient autour de +15Md€;
- l’Italie a certes une balance commerciale négative depuis plusieurs années (-9Md€ en 2022), mais elle conserve une niche de luxe.
La France se trouve dans une situation moins favorable que ses voisins. Les constructeurs français ont en effet préféré réduire leurs coûts en délocalisant leurs productions à forts volumes dans des pays à faible coût de main-d’œuvre, sans parvenir à élargir leurs parts de marché et à se différencier.
Equipements : le déficit s’accentue
Concernant les équipements, le solde français se creuse encore : -3,7 Md€, liés notamment aux accessoires, comprenant entre autres les pièces d’emboutissage et de fonderie. S’y ajoute -0,6 Md€ lié aux moteurs. Ce déficit - qui se creuse aussi avec la Chine - est essentiellement intra-européen, les pièces provenant largement d’Allemagne et des pays de l’Est de l’Europe.
Deux types d’équipements parviennent à maintenir des excédents : les organes mécaniques et châssis, et les volants et airbags (ce qui pourrait changer avec les lourdes restructurations annoncées par Autoliv à l’échelle mondiale). A l’inverse, les pièces de structure et les roues et freins creusent leur déficit.
La percée des importations de véhicules depuis la Chine
Le phénomène le plus marquant de l’année est l’accélération des importations depuis la Chine, en France, mais plus encore sur l’Europe. La Chine devient le premier pays exportateur de véhicules vers l’Europe (9,3 Md€ en 2022 contre 0,7 Md€ en 2019) dont les trois quarts sont des véhicules électriques. Elle supplante les Etats-Unis et le Japon. Cette dynamique s’observe également sur les équipements et les moteurs.
Est-ce l’annonce d’une déferlante d’importations de véhicules et d’équipements chinois dans la durée ? Pas certain.
En France, les importations de véhicules électriques venant de Chine concernent principalement des véhicules Tesla, dont l’usine de Berlin devrait à terme satisfaire l’essentiel des volumes ; et les Dacia Spring, qui pourraient être amenées à être produites en Europe.