Auto : la rémunération des dirigeants des grands groupes de 2017 à 2022
Afficher l'article en plein écranSyndex s’est livré à une analyse de la rémunération des dirigeants d’une vingtaine de groupes cotés au CAC 40, œuvrant pour la plupart dans l’industrie, mais aussi, à titre de comparaison, dans les secteurs des banques et des télécommunications. Cette étude montre que, sur les six dernières années, la rémunération des dirigeants a globalement augmenté, même si des disparités sont à relever entre les groupes.
Rémunération des dirigeants : de quoi parle-t-on ?
La rémunération des dirigeants résulte de l’addition de plusieurs composantes, variables ou fixes, fonction de ce que le dirigeant a pu négocier, des mandats qu’il exerce... Elle peut ainsi inclure, outre la rémunération fixe :
- une rémunération variable annuelle, pluriannuelle, exceptionnelle ;
- des avantages ;
- une rétribution du mandat d’administrateur s’il est exercé ;
- une contribution retraite.
Pour obtenir la rémunération totale réelle des dirigeants, il faut encore y ajouter les actions de performance et options qui leur sont généralement octroyées.
Sur cinq ans, une hausse de la rémunération globale
Entre 2017 et 2022, hors actions et options, une large majorité des dirigeants des grands groupes étudiés ont bénéficié d’une hausse de leur rémunération s’échelonnant de +4 % (Saint-Gobain) à +150 % (Stellantis), pour une moyenne globale de 46 %. Seuls les dirigeants de Schneider, Orange, Michelin et Axa ont perdu en rémunération (de -3 % à -41 %).
Dans la plupart des cas, ces rémunérations en hausse ont été encore gonflées par la valeur prise par les actions de performance et options détenues par les dirigeants : à quelques exceptions près (Renault, Michelin : baisse au global ; Schneider et Axa : stable), cette valorisation a permis une hausse de la rémunération totale des dirigeants, y compris pour certains dont la rémunération hors actions et options était en baisse. Dans le cas du dirigeant de Dassault, l’appréciation de ses actions et options est telle que sa rémunération totale fait plus que doubler sur la période. Pour la seule année 2022, sa rémunération totale représente 10 fois sa rémunération hors actions et options !
Une hausse globale qui concerne aussi bien la rémunération fixe que variable
La rémunération fixe, qui représente en moyenne moins de la moitié des sommes versées aux dirigeants en 2022, a globalement augmenté sur cinq ans, malgré des disparités. Essilor Luxottica a ainsi accordé 88% de hausse à son dirigeant. Chez Orange, Saint-Gobain, Capgemini et Michelin, au contraire, la rémunération fixe s’est contractée sur la période.
La rémunération variable représente une part significative de la rétribution des dirigeants. Elle est adossée à des critères financiers et non financiers, les premiers occupant généralement une part prépondérante. Et en leur sein, les critères de génération de cash et de profitabilité de l’activité prennent le plus de poids.
Entre 2017 et 2022, la rémunération variable versée a augmenté pour une large part des dirigeants. Les progressions ont pu être fortes : x7 chez Axa, x5,3 chez Renault, x2 chez Thales. Cette hausse globale recouvre bien sûr des fluctuations. En 2020 par exemple, rares ont été les dirigeants à atteindre leurs objectifs financiers. La part variable de leur rémunération a baissé en conséquence, malgré de bonnes performances sur les critères non financiers. Les deux années suivantes, ils ont été nombreux à dépasser leurs cibles et ont pu “rattraper” la contreperformance de 2020.
Et dans le secteur auto ?
Des écarts de salaire importants ont été observés sur la période entre les dirigeants des grands groupes automobiles étudiés. Nous avons élargi les comparaisons à BMW et Ford.
Par exemple, en 2022, la rémunération (hors actions et options) de Carlos Tavares (Stellantis) a été multipliée par 2,5, ce qui est notamment dû à un doublement de sa rémunération variable. Ainsi, sa rémunération (hors actions et options) est 2 à 3 fois plus élevée que celle de ses pairs. La rémunération du dirigeant de Renault, bien que nettement plus faible que celle de Tavares, a elle aussi largement augmenté (+98 %).
À l’inverse, celle du dirigeant de BMW s’est réduite (-47 %), tandis que celle du dirigeant de Ford a faiblement progressé (+9 %).
Nos sources : cet article compare les rémunérations des dirigeants d’une vingtaine de groupes cotés au CAC 40. Ont été sélectionnés les groupes industriels et quelques acteurs de la banque et télécommunication, de manière à identifier d’éventuels écarts. L’ensemble des données de rémunération et critères de variables ont été recensés dans les DEU (documents d’enregistrement universel) ou les rapports annuels des groupes étudiés pour les années 2017, 2020, 2021 et 2022. Il s’agit d’informations publiques.